Le mot est faible
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Les éditions anamosa ont sorti une collection appelée : Le mot est faible . J’ai été séduit par le premier fascicule de la collection : Révolution de Ludivine Bantigny. J’en ai fait une chronique : Révolution : un livre vitamine. Et depuis, je suis les sorties de cette collection.
La formule est simple. Un.e universitaire présente un mot. Un mot courant, utilisé à toutes sortes d’occasion, dans toutes sortes de contexte. Le mot ainsi traité, maltraité, galvaudé, finit par perdre sa puissance et ne vouloir plus rien dire.
En moins de cent pages, dans un petit livre-fascicule de dimension de poche, [1] l’auteur.e retrace le parcours historique et politique du mot. Il permet au lecteur de lui redonner sens et de pouvoir s’en saisir. Cette collection propose un outillage idéologique pour accompagner les mobilisations. En cela, elle contribue à l’émancipation collective.
- Révolution de Ludivine Bantigny [2]
présente comment le politique a cherché à faire de Révolution un moment clos, un temps borné, pris entre un début et une fin. [3] Puis le mot est instrumentalisé au service du commerce : la machine à laver devient révolutionnaire. Relégué à un passé révolu, il est icônisé : le visage de Che Guevara s’étale sur les tee-shirts et les posters. Complètement vidé de son sens, il devient même le titre du programme d’ Emmanuel Macron.
Pourtant, depuis 1789, Révolution circule, resurgit en 1830, en 1848, en Mai 68… et refleurit encore aujourd’hui avec les révolutions arabes. Le mouvement qui le porte, investit les luttes pour une sexualité qui rompt avec une bicatégorisation femmes/hommes aux ressorts sociaux et politiques aliénants. (p 78)
Voir ICI
Peuple : de Déborah Cohen [4]
Le mot s’incarne avec Rousseau et la Révolution de 1789. Le peuple : la réalité sociale des dominé.es (p 21) tombé en désuétude avant d’être repris par l’Extrême-Droite. Le peuple, puissance active, vue comme positive ou négative (p 35) se pose par ses actes.
Chaque fois que quelques-uns ou quelques-unes travaillent à défaire la fatalité apparente de l’absence d’alternative, là se construit du peuple. (p 57) Peuple est là, pour rouvrir les possibles et l’histoire. (p 61)
- École de Laurence De Cock Docteure en science de l’éducation ( 87 pages )
Si après 1789, L’École porte une visée démocratique, l’école de la IIIe République [5] est une école de masse qui institutionnalise une sélection sur critères sociaux. ( p 18 ) Avec les dernières réformes scolaires et universitaires, nous entrons dans l’ère de la contre-démocratisation scolaire ( p 22 )… La méritocratie, justifiant le mythe de l’égalité des chances. (p 33 )
L’auteure classe ensuite les courants pédagogiques « Alternatifs » à partir de deux points principaux :
l’articulation entre l’individu et le collectif et
le projet social plus ou moins subversif sous-tendu (p 57)
Elle termine par son choix pour une école commune à tou.tes, démocratique et émancipatrice. Par émancipatrice elle entend : conscientisant les rapports de domination en favorisant le processus intellectuel critique, permettant à tou.tes, dominant.es comme dominé.es, le dépassement de ce rapport de domination.
- Démocratie de Samuel Hayat [6]
Le mot ( Démos ) Peuple désigne soit l’ensemble des citoyens d’un pays (p 13) soit les pauvres, les travailleurs, la plèbe… caractérisés par une condition sociale et économique dominée (p 14) Il met à jour comment la démocratie représentative a conduit à limiter le rôle du peuple à arbitrer entre les élites en compétition pour le pouvoir (p 19) lors des compétitions électorales ( p 21).
Une oligarchie, classe des professionnels de la politique, a fait naître le Citoyennisme : Les citoyens sont les plus légitimes à voter les lois. (p 23) Il explore les contradictions de ce citoyennisme qui rend possible la justification du pouvoir absolu de l’État et de l’unité du peuple au détriment des minorités (p 31). Et et développe trois éléments centraux pour une pratique démocratique aujourd’hui : Prendre parti, refuser d’être gouverné, et lutter contre la domination (p 17)
Voir en complément les articles démocratie, démocratie et capitalisme et intérêt général
Histoire de Guillaume Mazeau [7]
Pour ce livre-fascicule, se référer à l’article qui résume les idées-forces développées dans les 99 pages dans Histoire, le mot est faible
Depuis, sont sortis dans cette collection une quinzaine de livres :
Race de Sarah Mazouz, ( voir l’article ) et
Science de Arnaud Saint-Martin
Environnement de Laurent Fonbaustier
Utopie
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des mots pour penser
et
Les chroniques littéraires
[1] 10 cm x 19 cm
[2] Maîtresse de conférences en histoire contemporaine
[3] "Nous avons fini le roman de la Révolution" Napoléon , thème repris par Guizot au XIXe siècle et Furet en 1978
[4] Maîtresse de conférences en histoire
[5] Lois Ferry de 1881-82
[6] Chercheur en science politique au CNRS
[7] Maître de de conférences en histoire moderne