Christian Saint-Sernin, hospitalisé, victime d’une rupture des cordes cardiaques, se trouve complètement dépendant de son entourage et du corps médical. Dans cette situation où sa vie est en jeu, un cri sort de sa poitrine : « J’existe, nom de Dieu »

Dans un essai, l’auteur explore ce cri et élargit sa réflexion. Il traite du cri existentiel qui, dans les situations extrêmes, sort pour exprimer l’indicible. Né d’une fureur cachée, ce cri est libérateur en faisant exister celui qui l’émet. Il exprime la fureur des blessés de la vie. En cela, il est l’élan vital qu’on retrouve dans la révolte des humiliés.

Cette expression de vie paradoxale est périlleuse. Elle sort agressive pour l’entourage au moment même où celui qui l’émet est à la merci de ceux qui l’entourent. Et, du fait même de la violence de l’expression, l’entourage peut y reconnaître un émoi qui se communique à lui, et le rapproche de la personne vulnérable. Fureur honteuse, mais fière, porteuse du pire (détresse, replis sur sa souffrance, rejet) et du meilleur (nouvelle issue, relation qui transcende....)

L’auteur cherche ensuite dans les sciences, la philosophie, les arts des réponses à sa question : Comment tirer de notre fureur l’énergie qui ravive notre existence et nous ouvre aux autres et au monde, tout en lui interdisant de violer, de mépriser où d’ignorer l’autre ou soi-même ?

« En cuisinant cette fureur, en la réduisant par des interprétations successives, je puis lui faire rendre sa violence, comme on peut faire revenir des oignons sur un grill. »

Enfin, il interroge les mots qu’a pris son cri :
« J ’existe ! Je veux vivre »
« Nom de Dieu : c’est sacré »
et traite du langage symbolique qui relie les hommes au sacré.

Une réflexion riche qui relie la souffrance individuelle et la souffrance sociale.
Une approche du langage symbolique qui permet de communiquer lorsque les mots ne peuvent pas exprimer le non-dit.
Une forme littéraire travaillée qui rend le propos clair.

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