Baptiste, Antarès et la fourmi
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« 20 bocaux géants de 100 baleines bleues chacun, empilés à la cîme du mont Everest, ce n’est rien qu’une tour mince comme une échelle, perdue au coeur de ces immensitès glacées....
99 caisses de soleils grandeur nature, superposées sur l’étoile supergéante Antarès, ce n’est pas plus haut qu’un cheveu, dressé sur le crâne du monstre.....Antarès, gouttelette échappée de notre voie lactée, qui éclabousse avec des milliards d’autres galaxies, le gouffre noir de l’univers.. »
Je vois le regard de Baptiste s’illuminer au fil de ce voyage, dans le livre de l’infiniment grand
- « Alors nous, dans tout ça, on n’est qu’une petite miette de petite miette de rien du tout ?
Je vois dans son corps de 7 ans, toujours au bord de la voltige, le fantastique essor de la vie, depuis son éclosion à la frontière du néant.
J’entends, dans ses questions en labyrinthe, la symphonie muette des neurones et le laborieux dédale des cellules,ces autres pays d’infini, qui ne devraient jamais cesser de m’éblouir,dans l’obscure farandole de mes occupations.
2 minutes d’extase se distillent dans le silence et nous rapprochent au seuil de ces grands mystères.......
Mais voilà que les pérégrinations ordinaires du mercredi reprennent leurs droits ....et le livre magique de l’univers est abandonné sur un coin de table, pour un irrésistible envol vers des ivresses de play- mobil...
Car il faut penser maintenant à sauver des griffes d’un corsaire délinquant, cet ours polaire, dévalant, sans défense, une savane de pissenlits....surtout qu’un policier deshabillé vient de se mêler à la bagarre....Le mammouth éclopé, qui guettait derrière un vestige de gouter, aurait bien tenté d’ajouter du piquant à l’aventure, si une colonne de vraies fourmis ne s’étaient, sans prévenir, invitées à la fête .
- « Regarde, elles portent leurs oeufs !.......et tu sais qu’elles savent même creuser des galeries, et bâtir des chambres pour abriter leurs petits ! »
- « avec même des portes qu’elles referment la nuit , je l’ai lu dans un livre !... »
Nouvel instant de complice contemplation, aux portes de ce microcosme de l’infiniment petit, ou pataugent nos pauvres imaginations.
Oui, Baptiste, tu n’es, comme moi, qu’une petite miette de petite miette de rien du tout, ballotée, dans la béance de l’abîme, mais tu portes en même temps au bout de ta semelle, l’anéantissement d’un autre monde vertigineux, qui s’ingénie, depuis des siècles, à se perpétuer dans les plus profondes respirations de la terre.
Oui, tu n’es, comme chacun de nous, qu’un frisson d’arpège, dans l’époustoufflant concerto des espaces et du temps, mais tu incarnes, en même temps le fascinant prodige de l’Humain,qu’aucune galaxie ne peut concurrencer.
Dans la quête obsédante du sens de tout cela, il m’est doux de penser que ton souffle de poésie et d’imaginaire, de pensées et d’émotions, oxygène, à chaque seconde , l’implacable tourbillon de tous les infinis...Baptiste unique, sans lequel ce cosmos ne serait pas tout à fait le même.
Nicole