Jean Pol
par
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Réactions à la lecture de "Chemins et mémoires"
Cher Paul,
J’ai mis du temps pour rassembler tout ce que « Chemins et mémoires » m’a…
Une envie : ça donne envie d’entrer en écriture, d’en prendre le chemin en tous cas même si, d’après un témoignage à chaud de l’auteur, c’est un chemin dur, rocailleux, pentu, long, solitaire,… En ce qui me concerne, je retiens quand même l’envie.
Une incitation : mettre en mots mon histoire, déployer un récit et le resituer dans un contexte. Démarche un peu plus intellectuelle, à laquelle j’avais déjà penser. « Chemins et mémoires » est une illustration vivante : cela m’a captivé.
Un partage de points de repère : il y aurait beaucoup à dire et écrire sur tout ce que j’ai retrouvé dans « Chemins et mémoires » de mon parcours, de ma vie, de mes illusions et désillusions, du contexte dans lequel je suis né, je me suis développé, je me suis transformé. Je les note en vrac pour peut-être y revenir un jour :
Paolo Frere, la pédagogie de l’opprimé et l’éducation populaire,
les puits de mine, les terrils et les chevalets, Cité des Italiens,
l’internat (la pension), les tentatives d’éducation catholique,
le cinéma et le ciné club, Lény Escudero, Jean Ferrat,
la JOC (seulement croisée et vécue comme alliée), le syndicat, le militantisme pacifique, le Vietnam, le Chili, mai 68, Peuple et Culture, l’entraînement mental, l’autogestion, le PSU, LIP, la Yougoslavie, l’objection de conscience, des luttes pour sauvegarder l’emploi (les jeans de Salik, Glaverbel,…), …
Quelques points élucidés ou rappelés : en lisant, j’ai découvert ou je me suis rappelé des éléments de ma vie déposés au bord des chemins de ma mémoire, oublis, refoulements,… Trois exemples :
« faire ses humanités » (p. 38), j’avais oublié que cela correspondait à un vrai projet éducatif des Petits Frères des Écoles Chrétiennes, ambitieux et percutant en ce qui me concerne, même si je garde un souvenir mitigé de ces années d’internat et de formation, l’adolescence un peu balayée, une première distance vécue par rapport à la famille, le contrôle et l’orientation des lectures et une vision du monde archaïque qui maintenait une odeur de confessionnal et entretenait un goût amer de culpabilité ;
le « basculement du monde » (p. 167), je me suis rappelé que nous avons vécu ce basculement et en ce qui me concerne, je ne m’en suis pas rendu compte ; une histoire s’est écrite et j’en faisais partie, j’étais dedans ;
le difficile accouchement du processus créatif (p. 218) que je reproduis encore maintenant, notamment pour écrire ces quelques lignes ; l’importance de la maturation des impressions, des idées et des perceptions ; l’effort de l’analyse prolongé par le ressenti et l’engagement qui consiste à « s’exprimer ».
En fait « Chemins et mémoires » m’a offert l’occasion de repasser ma vie au travers de la tienne. Nous avons fini par nous rencontrer au travers du Groupe d’Appui aux Projets… mais il y avait longtemps que nos parcours empruntaient des chemins parallèles, avec quelques croisements sans que le rendez-vous ne fonctionne,… je pense à la manifestation des LIP à Besançon à laquelle j’ai participé avec mes tout nouveaux collègues syndicalistes et amis militants de l’époque, je pense à l’éducation populaire, Peuple et Culture, qui m’a permis de m’aventurer pour une première fois en France, je pense aux mondes des militantismes que j’ai rejoins, croisé, repoussé, retrouvé,… tout cela au travers de « rencontres ».
Tiens, si je devais transformer et compléter le titre, j’ajouterais « rencontres » à « Chemins et mémoires »,… un autre fil à tirer pour tisser mon histoire de vie.
Jean Pol