Les aventures des Protège-nature

Cinquième épisode
lundi 11 août 2008
par  Nicole DUPUIS
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A travers toutes les petites excursions, Arthur, Lucie et Maria s’émerveillaient de plus en plus de la présence mystérieuse de quantité de petits animaux qu’abritaient les chemins de campagne. C’est surtout leur silence, leurs pas lents, respectueux de la vie cachée des herbes et des arbres, qui leur permettaient de découvrir ce que plus personne ne prend le temps de voir.
A ces quatre-quatre fous, qui les dépassaient parfois sur les routes, ils avaient envie de crier :
« Savez-vous que madame pinson porte deux jolies lignes immaculées sur le dos, tandis que son mari n’a qu’une touche de blanc sur la tête et le dos ? »
« Savez vous que la mésange bleue est en fait de quatre couleurs, mais que c’est son superbe dos bleu clair qui lui donne son nom…( que d’ailleurs lui jalouse un peu la mésange charbonnière, pourtant si belle aussi !)
Oui, ces pollueurs toujours pressés s’en fichaient certainement de ces merveilles vivantes, si diverses… Peut-être même qu’ils ignoraient complètement l’existence de « l’accenteur mouché »… ! Ils pensaient sans doute que le vrai bonheur est là-bas, à des milliers de kilomètres, et qu’il faut forcément polluer la planète en voiture ou en avion pour l’atteindre.
Ils n’avaient sûrement jamais ressenti, comme Arthur, Maria et Lucie, la grande joie de découvrir, sous une vieille betterave, toute ramollie de pluie et grignotée de partout, un magnifique scarabée doré, se prélassant comme un roi, dans sa maison de luxe, à l’abri de tous les dangers, de tous les fous de ce monde. Ils ne connaissaient pas non plus la surprise que l’on peut ressentir, en dénichant, sous un affreux plastic abandonné, une immense fourmilière, où chacun s’active à sa tâche, pondant ses œufs, construisant son logis, remplissant son garde-manger…
Oui, de plus en plus, les protège-nature se rendaient compte combien il était important, dans la vie, de prendre du temps pour la nature… prendre le temps d’observer la bergeronnette printanière se désaltérer dans une flaque de pluie, inondée du grand soleil du matin… prendre le temps de délivrer la fauvette des jardins, prisonnière d’un filet protecteur du potager… prendre le temps de reconnaître, dans le ciel clair de l’été, l’hirondelle des fenêtres et celle des cheminées. Bref, prendre du temps pour les animaux et en particulier, pour les mille trésors que sont les oiseaux…. C’était ça, leur tâche de tous les jours, et ils en étaient fiers et heureux, même si parfois cette même nature se montrait si cruelle…

Un jour, Maria vécut, avec son compagnon Simon, une triste aventure qu’elle raconta à Lucie et Arthur : Une tourterelle avait fait son nid dans le lilas de leur jardin. Et c’était pour eux une aventure extraordinaire que de la voir, de leur fenêtre, couver ses œufs pendant trois semaines, sans bouger, sans boire ni manger…. Comment expliquer cet instinct mystérieux, cette infinie patience, cet oubli de soi, de cette tourterelle, pour que naisse la vie…
Maria et Simon étaient si émus de la regarder chaque jour :… savoir qu’elle était là, immobile, à donner du temps et de la chaleur, pour que vivent ses petits… ; attendre la naissance des bébés, c’était pour eux, comme le plus beau des voyages… Et le grand jour arriva. Un matin, plus de tourterelle dans l’arbre. Elle était sans doute partie à la recherche d’une nourriture pour elle et ses enfants… Oui, ils étaient nés, petites boules de plumes immobiles au fond du nid… Ils avaient enfin eu la force de casser leur coquille et attendaient que leur mère leur apporte de quoi grandir….
Hélas, Lucie et Arthur n’eurent même pas le temps de faire leur connaissance ! Trois jours après, Simon aperçut sous le lilas, une petite boule grise, qui ressemblait à une souris morte. Il s’approcha : c’était un des oisillons, éventré, sans doute par des dents ennemies…. Quel choc de découvrir ce petit cadavre ! En levant les yeux sous l’arbre, Simon aperçut une aile qui dépassait du nid : heureusement qu’il restait ce bébé tourterelle, qu’on allait pouvoir accompagner quelques jours, jusqu’à son envol vers le monde…
Cependant, le lendemain, Maria et Simon aperçurent l’aile immobile, dans la même position que la veille. Simon s’empressa de grimper à l’arbre : le deuxième oisillon gisait là, blessé à mort lui aussi ! Quelle tristesse et quelle déception pour Simon et Maria, devant la fin tragique et brutale d’une si belle aventure ! Simon enterra les deux petits dans le fond du jardin. Un voisin lui affirma que les meurtriers étaient des corbeaux…

Oui, ils savent bien, les protège-nature qu’on ne peut pas protéger toujours et que sur toutes les vies de ce monde, plane, comme une aile sombre, l’ombre de la mort. Ils savent aussi que pour se protéger eux-mêmes, pour se nourrir et protéger leurs petits tous les êtres vivants, sont prêts à détruire la vie d’autres êtres vivants… Cette loi cruelle de la nature est bien difficile à admettre par les protège-nature ! Mais elle ne les décourage pas ! Et ils sont prêts, chaque jour à repartir vers de nouvelles missions, à faire ce qu’ils peuvent pour que partout où ils passent, même dans les endroits les plus minuscules, et les plus secrets, la vie soit respectée !
Bravo, les « protège-nature » !

Nicole


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