Le Cri du peuple

mercredi 26 décembre 2018
par  Paul MASSON
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Le Cri du peuple, c’est d’abord le nom du journal de Jules Vallès, cet acteur de la Commune de Paris, auteur de L’enfant, Le bachelier et L’insurgé [1]
Le Cri du peuple est associé à la Commune de Paris et uni aux luttes du peuple.
Il fait partie de la mémoire ouvrière, et ressurgit dans ses luttes et dans ses œuvres artistiques.

J’ai lu plusieurs fois la BD Le cri du peuple. Les quatre albums signées de Jean Vautrin et Jacques Tardi : [2] font partie de mes BD cultes. Pendant la dizaine de jours de lecture, je chemine dans le Paris communard. Les dessins de Tardi, habitent l’arrière-plan de mon cerveau, habillent mon ordinaire, comme les images d’un rêve habitent et habillent la journée d’un rêveur. Les illustrations de l’artiste font ressurgir les voix du spectacle, La Commune en chantant [3]. J’entends Francesca Solleville beuglant :
C’est la canaille ! Et bien j’en suis !
Je l’entends criant :
Oui mais, ça branle dans le manche, les mauvais jours finiront,
et gare à la revanche quand tous les pauvres s’y mettront.

Sa voix est là, en arrière-fond, telle celle de ses refrains écoutés le matin, qui vous trottent dans la tête tout le reste de la journée. Aux heures sanglantes, j’entends ému la voix chaude et grave d’Armand Mestral interprétant Au mur criait le capitaine ou C’est le tombeau des fusillés. Je me souviens que le rouge du drapeau est celui du sang versé par les ouvriers révoltés. Sur Le testament des ruines, résonne la voix de Mouloudji chantant Le temps des cerises. Non, l’histoire n’est pas finie.

Fouinant chez un bouquiniste, mon regard est attiré par la couverture du livre de Jean Vautrin : Le cri du peuple [4]. Je reconnais, dans l’illustration de couverture, la patte de Jacques Tardi : Un drapeau rouge marqué La Commune ou la mort, un fut de canon, une femme en blanc, brandissant le poing, elle crie. Des hommes en arme montent à la charge. Au sol, des gravats, des morts, bouche ouverte... et du sang partout. Je suis curieux, j’ai envie de revenir à la source d’inspiration de Tardi. De plus, je m’interroge : Que peut contenir ce livre de plus de six cents pages. Tardi n’aurait-il pas tout dit dans sa série de BD ?

La Commune est le cadre du roman. L’intrigue se déroule entièrement entre le 18 mars et le 28 mai 18715. L’intrigue principale : Grondin recherche Tarpagnon, une recherche motivée par un désir de vengeance, suite à un meurtre abominable. Un certain nombre d’intrigues secondaires nous conduisent dans les bidonvilles, les milieux de la pègre, de la police, du cirque et de l’église. Au coté de gens simples, de petits malfrats et ecclésiastiques, on croise Louise Michel, Eugène Varlin, Jules Valles… et même le peintre Gustave Courbet.

Par effet d’enchaînements, une nouvelle fois, je vais me replonger pendant un trimestre dans cette période historique. Elle va alimenter ma recherche, entretenir mes réflexions et nourrir mon imagination. Je lirai sur ma lancée La mémoire des vaincus de Michel Raon [5], mais ça, c’est une autre histoire.

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[1L’enfant (1879), Le bachelier (1881) et L’insurgé (1886 ) publiés aux éditions Folio.

[2Les canons du 18 mars (2001), L’espoir assassiné (2002), Les heures sanglantes (2003), Le testament des ruines (2004) regroupés en un album Le cri du peuple en 2005

[3La Commune en chantant, un spectacle commémoratif du centenaire de la Commune de Paris est créé en 1971. J’ai vu ce spectacle à Saint-Étienne. Un album 33 T en est tiré. Il est réédité en CD en 1988.

[4Le cri du peuple Jean Vautrin éditions Babelio (2001)

[5La mémoire des vaincus Michel Raon (1989) Livre de Poche (1992)


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