prénom(s)

dimanche 3 juin 2007
par  Christian LEJOSNE, Dominique Lauber, Paul MASSON, Solange SAULIERE, Yvan VERSCHUEREN
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Même pas né, le verdict est tombé.
Mauvaise ou bonne fée, ou les deux à la fois,
à la naissance tu étais lÃ
pour me dire, pour me nommer
moi qui n’avait rien demandé.

Quel chance et quel bonheur,
d’avoir quelqu’un qui nous a dit :
« Bienvenu ! Nous t’attendions petit,
tu seras Paul, Christian, Yvan,
Dominique, Solange, ou Nicole, … »

Oui mais après, faut faire avec,
faut assumer cet héritage,
en faire le tour, le mesurer,
il faut en prendre et en laisser,
le transformer en faire soi,
se fabriquer, distinct, unique.
abandonnant une part du prénom de la fée.

Paul

Yvan

Pour parler de mon prénom, Yvan, je dois d’abord vous faire l’historique de mes parents. Je vous demande donc un peu de patience. Mon père, Paul Adolphe Karl, né à Namur en 1905, vint en France à l’âge de 10 ans avec sa mère, à Lille, dans le Nord. Sa mère, la grand-mienne donc, était plutôt snob. P.A.K. comme tous les jeunes avait décidé d’emmerder sa vieille. Aussi, dès qu’il le pût, il s’inscrit au syndicat ouvrier de l’époque qui allait devenir un peu plus tard la CGT. Mais qu’est-ce qu’il nous raconte celui-là devez-vous vous dire. Eh ! je vous ai prévenus dès le départ ! un peu de patience. La politique a beaucoup d’importance dans cette histoire. P.A.K. va devenir très vite responsable syndical ce qui lui permettra un beau matin de manifestation- nous sommes en 1936- de rencontrer une jeune et belle syndicaliste, énergique et gueularde prénommée Georgette Augustine. Le coup de foudre est immédiat. Unis sous la même banderole revendicatrice, ils prennent en septembre 1939, le chemin de la Dordogne, pensant ainsi échapper à la guerre. Hélas, il n’en fut rien. Quatre ans plus tard, est-ce par ennui, par dépit, par hasard, par Toutatis ou par Bélénos, ils conçurent l’enfant que j’allais devenir ? Je sais pas. Toujours est-il que mon prénom fut Yvan parce que à l’époque, déjà, le cégétiste était communiste et qu’Yvan, ça fait bien, ça fait russe ! … si ,si ! ça fait russe…avec un I, I comme Ivan le Terrible. Manque de bol pour le parti, ils l’ont écrit avec un Y. et de bolchevik me voilà bigouden ! Direction la Bretagne. Mais le partisan de l’époque ne s’en émeut pas plus que ça : il persiste ! Dans les années 59-60, les russes, toujours eux, envoient un clébard dans l’espace au moment où mes géniteurs géniaux adoptent un chien qui, vous vous en doutez, s’appellera Laïka, la pov’bête ! Mais les derniers moments de l’URSS pointent à l’horizon. Alors, avant de quitter leur parti, une dernière fois, ils rendent hommage au grand Karl Marx en insistant pour que mon neveu se prénomme Boris. Voilà mes chers lecteurs, l’histoire d’un prénom lourdement marqué par les évènements qui façonnèrent notre siècle et l’Europe. Et à l’inverse du brave Charles, j’ai fait l’Europe de l’Oural à l’Atlantique. Aussi, suis-je très fier de m’appeler Yvan.


Dominique

Si vous le chantez, vous faites DO MI .
Si vous m’aimez, vous dites Dom.
Si vous donnez, vous m’imitez.
Si vous misez, vous êtes niqué.
Si vous niez, des hauts aiment hyenne.
Si la quenouille vous embrouille, retournez au Dodo
Moi mon prénom, c’est ma maison
Y a que moi qui m’y retrouve
C’est un pré- nom
Voici mon nom : Hudrisier
C’est le nom de mon père qui l’a porté en claudiquant mais en bravant la particule de ma mère. Il l’a porté avec humour ou en chantant : « les petits chaussons de satin blanc », il l’a porté en hurlant que le bruit des autres l’empêchait de respirer, il l’a porté comme un enfant qui garde des secrets. C’est pourquoi je ne peux m’en défaire tout à fait.


Solange

J’aurais pu m’appeler, MARTINE MONIQUE ou MARYSE
sympathique prénom des années 50
mes parents ont choisi SOLANGE, prénom d’un autre âge
où la sainte était une bergère, rêvant au prince charmant, en gardant ses moutons.
Mais voilà ! un beau pâtre des montagnes convoitait la jeune vierge
cache derrière un buisson, épiant sa proie, afin d’assouvir sa faim
Il se rua sur la belle et la déshonora.
L’histoire fut tragique, la folie meurtrière s’empara du jeune homme
qui étrangla la pure jeune fille.
Depuis, chaque fois que j’aperçois un troupeau de moutons,
je pense que je ne serai jamais une bergère, mais qu’un ange sur le sol,
protège ses agneaux du grand méchant loup !
SO


Christian

« On m’appelle José, je suis chimpanzé » chante Jacques DEBRONCKART. Moi, je m’appelle Christian, je suis écrivant. J’ai failli m’appeler Philippe, mais ma tante, qui était enceinte en même temps que ma mère, avait choisi le même prénom. Ma mère céda la première. On m’appela Christian. Ma tante accoucha d’une fille. Dans la famille on fit une croix sur Philippe. Moi aussi je porte une croix sur mon prénom : Christian. Ma famille n’était pourtant pas spécialement chrétienne. Pas tout à fait catholique non plus … Mes autres prénoms sont Denis – en référence à ma tente Denise, que j’ai vu deux fois dans ma vie – et Gilles, de dix ans mon frère aîné, avec qui j’ai échangé davantage de coups de pied que de baisers. Trois prénoms mal assortis … qui poussent lentement vers la sortie. On m’appelle Christian, je suis écrivant.