Ca n’est pas pour me vanter (pour paraphraser un célèbre chroniqueur matutinal) mais pour ma part, j’en ai lu 46 (1). Soit presque un par semaine. Ce qui paraîtra hénaurme pour certains. J’en connais un, par contre, qui lit en moyenne un livre par jour. Ca permet de relativiser. Nous sommes décidément tous bien différents malgré quelques ressemblances.

Je fais le fanfaron, mais je n’ai pas lu comme ça de tout temps. Avant ma nouvelle vie à Montpellier, je ne lisais quasiment plus, faute de temps. « Question de priorités » que je me disais. Encore faut-il avoir réellement défini ses priorités. Et être en mesure de les respecter. Avais-je consciemment décidé de ne pas lire ? Pas si sûr ! Ai-je maintenant clairement décidé de lire d’avantage ? Possible. Probable même.

Tout comme je suis passé à l’écriture cette année de façon délibérée « comme on passe à l’acte » vous écrivais-je en introduction de ma première chronique. Une manière de prendre le lecteur à témoin : « tu vois, je m’engages à t’écrire, peut-être pas périodiquement, mais avec une certaine régularité dans l’irrégularité ». Cette chronique est la sixième depuis décembre 2003. J’ai également rédigé trois petits articles pour un livret de la Médiathèque d’Arras et de l’association Di Dou Da, présentant des coups de cœur de chanteurs peu médiatisés. J’ai enfin écrit six résumés de livres qui m’ont fort captivés cette année. Résumer un livre aide à mieux comprendre ce que veut dire son auteur. Et permet de garder plus de choses en mémoire. Si on a un peu oublié, on peut retrouver facilement les idées essentielles, conservées à proximité (sous le coude). On peut aussi faire partager à ses proches les découvertes que l’on a faites.

Au total, en faisant un calcul à la louche comme j’aime les faire, c’est environ 170 heures consacrées à l’écriture pendant cette année. Auquel il faudrait ajouter environ 450 heures de lecture. Soit au total l’équivalent de quatre mois de travail. Etonnant, non ? Ces quatre mois de travail me paraissent une goutte d’eau face aux onze mois d’activité salariée. Confucius ne disait-il pas : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». J’en rêve !

En relisant mes cinq premières chroniques, je prends conscience qu’il y a surtout été question de moi, de mes expériences de l’année (mon dedentiste, mes rêves), de mes lectures (Accordo, Freud), de l’écriture (la mienne, la vôtre). Parce que vous n’avez pas été économe en la matière. J’ai reçu pas moins de 70 lettres, cartes postales, petits mots et courriels confondus en réponse ou en réaction à ces chroniques. Je mesure maintenant à quel point je vous ai parlé de moi alors qu’initialement je comptais vous parler du monde tel qu’il va (ou ne va pas).

On ne comprend vraiment ses actes qu’une fois qu’ils ont été posés.

De la même manière, quand j’ai quitté Arras, je ne mesurais pas à quel point mes priorités de vie allaient changer : baisse d’intérêt pour mon activité professionnelle, désengagement associatif compensés par un fort intérêt pour la lecture, l’écriture, le désir d’approfondir de nouveaux sujets captivants qui ne m’avaient même jamais effleurés auparavant. Pourtant, à y regarder de plus près, tous ces changements étaient en germe, comme latents, même s’ils n’étaient pas clairement arrivés à ma conscience.

Voilà. Cette chronique signe l’achèvement d’une année. C’est l’heure de boucler ses derniers travaux. De faire place nette sur son bureau. De préparer le terrain des premiers actes que l’on posera à la rentrée … et que l’on ne comprendra peut-être que beaucoup plus tard.

Christian LEJOSNE

En attendant, bonnes vacances à tous !
(1) Ci-joint la liste de ces livres. Ceux que j’ai résumé sont précisés… pour qui ça intéresse.