Bon anniversaire !

samedi 2 mai 2009
par  Christian LEJOSNE
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Il y a fort à parier qu’aujourd’hui ne soit pas le jour de votre naissance. Et dans ce cas fort probable, vous vous demandez bien pourquoi je vous souhaite un bon anniversaire. C’est parce qu’en tant que lecteur de cette chronique, vous avez aujourd’hui exactement deux ans – la première édition de l’Air du temps a été diffusée le 3 décembre 2003. Qui aurait pu alors parier sur sa durée ? Son auteur lui-même n’aurait pas misé un kopek sur son avenir.

Pourtant, l’Air du temps souffle ses deux bougies avec la parution de ce numéro vingt et un. Ca n’est pas grand-chose deux ans, surtout si c’est mesuré au Carbone 14. Ca prend tout de suite plus de valeur à l’échelle d’une aventure humaine. Combien d’amours, d’amitiés, de passions, de travail ont vu leur vie abrégée dans un délai plus court ? Pourtant, aujourd’hui encore, nous sommes là, à écrire et à lire, à rire et à pleurer, à nous émouvoir ou nous mettre en colère. A vivre, en fait, cette improbable rencontre qui s’est déroulée pour les plus fidèles d’entre vous à peu près chaque mois depuis deux années.

Au final, le scénario est assez basique. Prenez un gars du nord d’environ quarante cinq ans. Faites lui larguer les amarres : boulot, relations, région. Réimplantez-le mille kilomètres plus au sud. Et racontez l’histoire de sa nouvelle vie, qui forcément sera à la fois différente et toujours un peu la même qu’avant son déménagement. Une sorte de télé réalité sans les images et sans le son. Où ne restent au fond du tamis que les sensations cachées derrière les mots. Une histoire avec des hauts et des bas, des envolées lyriques et des coups de gueule. Une histoire que certains d’entre vous semblez suivre assidûment. Des quatre coins de l’hexagone, comme disent les non géomètres : du Nord, d’Alsace, de Bretagne, du Sud. Du centre aussi. Parfois de plus loin encore, je reçois vos messages : Nicaragua, Roumanie, Turquie…. Des tonnes de mots. Au total plus de trois cents lettres, cartes postales ou courriels, que j’ai méticuleusement conservés, classés, archivés, catégorisés en véritable taxidermiste de l’écriture. Pas moins de deux cent milles caractères – soit l’équivalent d’un livre de trois cents pages que nous aurions écrits ensemble. Bien plus vous que moi d’ailleurs. Il faut reconnaître que vous êtes également plus nombreux que moi. Et même deux fois plus nombreux qu’il y a deux ans – le présent numéro étant diffusé à deux cent personnes. Dont la moitié a déjà pris la plume au moins une fois, et plus de trente lecteurs à au moins trois reprises. On a beau dire quand on aime on ne compte pas, vos réponses répétées me semblent une belle preuve de la richesse et de la sincérité de nos échanges.

Alors, aujourd’hui, je vous propose, en cadeau d’anniversaire, de vous lire à travers quelques uns de vos messages. Car, entre nous, y a t il une activité plus intéressante que celle de produire de la clarté ? (1)

Du fond du cœur, merci pour toutes ces réponses !

(1) Guy CORNEAU « Victime des autres, bourreau de soi-même » (édition : J’ai lu - 2003)

Florilège en trois thèmes :

Les chiffres entre parenthèses après chaque texte, correspondent aux numéros des chroniques qui ont donné lieu à ces réponses.

Ecriture  :

L’écriture est l’activité la plus libre qui soit. Bien plus que la plomberie ou le tricot. Tu ne tomberas jamais à cours de virgules ou de prépositions un dimanche, en attendant, vert de rage, l’ouverture de Leroy Merlin le mardi… (1)

Heureusement que tout le monde ne fait pas comme nous, on passerait notre temps à se lire, on n’aurait plus le temps de regarder TF1.

Alors là, tu m’en bouches un coin !!!!! Avec ton Air du temps n°2, sans en avoir l’air ! Je ne suis pas lacanienne forcément tous les jours, mais juste pour aujourd’hui émerveillée ! Le n° 1 tombait du ciel, je me suis dit " ah ! Ah ! L’animal !! il se réveille !!!!" à suivre.." mais , c’était sans savoir que du réveil tu étais passé aux joies de ne plus dormir parce que trop occupé à donner du sens aux mots et à prendre ton pied en écrivant ! Qu’est-ce que ça va être quand tu vas aller chez le podologue !!! (2)

Continue ! Tu as lancé un mouvement qui vaut le coup. Ton N° 3 semble pensé pour nous aider à théoriser les transformations sociales que nous visons par les ateliers d’écriture. (3)

Cela ne m’étonne pas que tu reçoives autant de courrier et de retour de tes lecteurs parce que tu as l’art d’écrire comme si tu conversais avec des amis, quand on reçoit tes écrits , donc quand on te lit, on dirait que tu nous parles, à chacun d’entre nous, on se sent interpellé (enfin je dis "on" mais c’est ce que je ressens moi, mais j’ai l’impression qu’y a pas qu’moi !) c’est une manière d’écrire très ouverte, alors peut être du coup on a envie de mettre son grain de sel dans cet air du temps là ! donc forcément cela suscite des échos... (10)

Quand on lit tes chroniques, c’est comme si il y avait aussi quelque chose, du côté de l’Universel qui se dégage et qui nous Unit Chacun dans notre Quête (à la fois Commune et Particulière) de sens, du sens, des sens, d’essence, enfin de Sens dans tous les sens du terme ! (10)

Comme toujours, quel bonheur de lire ta chronique, Christian ! J’aime bien la patiente fidélité avec laquelle tu nous partages ce que tu vis, ce que tu vois, ce qui t’amuse ou t’énerve. Au fil du temps, j’apprends à bien te connaître, moi qui n’ai pas eu la chance de te rencontrer lorsque tu étais en culottes courtes ! (17)

J’ai reçu votre Air du temps. Merci. Je ne sais pas du tout qui vous êtes, simplement que votre écriture est très agréable à lire. Je veux bien continuer à recevoir un peu d’air du temps. Il est moins gris que le ciel d’Arras aujourd’hui. (17)

Je conserve tes chroniques. J’ai acheté un classeur pour les ranger. Au fait, il me manque la 14. Tu pourras me la passer ? (18)

Je suis très émue de recevoir ce Fil. J’ai déjà commencé, avec l’envie d’y retourner très vite ! Tu me donnes l’impression d’avoir glissé dans l’écriture comme la main entre dans un gant. (19)
J’ai les poils qui se dressent en voyant ton livre. Même les poils des joues. Ca ne m’était encore jamais arrivé ! (19)
C’est ta plus belle chronique, de mon point de vue. Je n’ai pas encore eu le courage, la volonté, la force, d’ouvrir la pièce jointe. Mais il y a d’une part, ta chronique, d’autre part cet immense cadeau. Mon père va avoir 70 ans le mois prochain. Il le vit mal. J’ai des souvenirs identiques aux tiens, peu ou prou. Parfois même, ils se sont télescopés. (19)

Merci pour ce petit chef d’oeuvre d’images et de sincérité. Merci pour la confiance que tu témoignes aux destinataires de ce fil si personnel qui se lit avec tant d’agrément...je l’ai imprimé et photocopie recto verso comme un livre, quoi. J’ai pensé à Georges Perec avec son "je me souviens". J’ai aussi pensé à Sabatier avec ses "allumettes suédoises" et la saga d’olivier. La capacité à susciter des images est aussi forte. Bravo ! (19)

J’ai lu avec émotion et beaucoup de tendresse intérieure vos chemins croisés – le tien et celui de ton père. C’est beau et quel beau cadeau tu leur as fait … (19)

Je suis désormais raccordée au "monde sans fil" : et je voulais t’en informer et te remercier pour l’envoi du ... FIL, (!!!) qui est arrivé pile-poil pour mon anniversaire, et que j’ai dévoré. (19)

Je t’envoie un texte que j’ai écrit récemment en échange des tiens que tu m’envoies régulièrement. (20)

Comportements  :

J’ai beaucoup aimé ton texte sur le droit à la paresse, au fond. Il réhabilite à contre-courant et en ces temps vraiment obscurs un droit qui paraissait devoir aller de soi, au fond, non ? (1)

Merci pour ton beau texte, nous n’avons pas la même conclusion mais nous nous retrouvons bien dans ta description d’un quotidien que l’on essaie déjà de modifier un peu.... En attendant des jours meilleurs et en espérant qu’on y contribue à notre façon... (4)

Je pense que le nombre de livres lus est souvent inversement proportionnel aux nombre d’heures passées devant la télé, je vais essayer de faire comme toi. (6)

Combien j’ai lu de livres cette année ? Je réfléchis... peut-être 4 ou 5. C’est normal, je suis un intellectuel... mon employeur doit considérer que je n’ai donc plus besoin de lire, et qu’il y a mieux à faire. Et c’est un fait, depuis trois ou quatre ans, la pratique de mon métier s’apparente de plus en plus à celle d’un bureaucrate de catégorie A qu’à l’image qu’on se fait d’un métier intellectuel. (6)

Je me suis rendue compte en te lisant, que je ne lisais plus. (6)

Merci à toi, d’avoir écrit ce beau texte qui m’a replongé avec joie dans ce beau moment que fut notre stage d’Euzière. La nostalgie est encore ce qu’elle était, quand il fallut s’en aller ! Je repense souvent aux uns et aux autres à travers les refrains des chansons qui reviennent, comme ça, sans prévenir … en mémoire… (7)

J’ai bien apprécié ton petit mot reprenant chacune des chansons, j’ai eu l’impression de revivre émotionnellement des moments du stage en lisant ton texte. (7)

A part ça... en attendant....que l’écriture me découle (le plus simple pour moi serait de me brancher une imprimante directement à la sortie du cerveau, sinon le temps d’aller jusqu’aux doigts, pfuit, c’est parti, envolé......), je vais faire un stage de massage ce week-end, pour poursuivre mon apprentissage en la matière....Danser avec les mains....musique du corps.... Comme quoi tout se retrouve ! (9)

C’est une dinosaure qui donne suite à "l’air du Temps". Dinosaure parce que toujours pas de portable, dinosaure parce qu’elle utilise encore un moyen archaïque -la courrier postal - pour s’adresser à ceux -qu’elle aime ou /et avec qui elle a à en découdre, avec ceux qu’elle a envie de faire rêver (les enfants surtout).Parce qu’elle aime bien laisser et conserver des traces -sans doute - parce qu’elle aime bien les différents styles - j’écris au banquier, j’écris à ma soeur, j’écris à l’agence immobilière .... (13)

Ça fait des siècles que certains essaient de parler des libérations qui nous oppriment mais ils ont du mal, ils prêchent dans le désert. Et puis, les mots que tu cites à la fin "utiles, beaux, gentils, poétiques faudrait pouvoir les chiffrer avant qu’ils soient au goût du jour. (13)
Merci pour ce très bel article, que je me suis permis de transmettre sur la liste de diffusion consacrée à Anne, pour tous ceux qui ne pouvaient pas venir et dans l’espoir qu’Anne (SYLVESTRE) elle-même en aura connaissance. (17)

Changements  :

Oui, je suis d’accord pour se concentrer sur "se changer soi", non par narcissisme mais parce que sur qui d’autre que moi-même ai-je un peu de prise, je vous le demande ? Voilà de la "propagande électorale" drôlement plus nourrissante que ce que nous avons vu fleurir récemment dans nos boîtes aux lettres ! (4)

Tranche de vie. A quarante ans je m’étais dit que je changerai de vie, et que je serais luthière et violoncelliste. Finalement je suis mère de famille nombreuse et accordéoniste. Je m’en sors bien !!! (6)

Voilà bien la première fois où j’ai envie de réagir à ta lettre diffusée au monde. Peut-être parce l’anecdote qu’elle raconte fait résonner une partie de toi que j’ai connue, celle, nature, qui s’est construite au gré des anecdotes d’enfance vécues et qui font la personnalité de chacun. Après tout en racontant ce témoignage au magazine "psychologie" tu aurais sans doute eu un retour intéressant sur le post soixantuitard, 40 ans après...Sans doute est-il un temps ou le retour sur le passé est un cheminement nécessaire et constructif pour trouver la sagesse et le repos qui permettent de passer à une autre étape de vie. Alors de ma jeunesse fofolle de 39 ans (!!) je vous souhaite de ne pas vous faire manger par le passé, et de garder de l’énergie pour défendre et construire une vie à venir que j’espère encore croiser. (8)

Comme tu le dis, la lumière est en nous, mais, du fait de méandres de nature diverse, elle est dans l’ombre. Dès lors, Cette ombre est-elle encore de l’ombre ? Nous ne pouvons aller vers l’amélioration de nous mêmes qu’en allant vers l’ombre. Et n’est ce pas le doute qui symbolise aussi cette part d’ombre à introduire dans la lumière pour lui éviter d’être une brute et d’être une certitude aveuglante. (9)

Je reçois depuis septembre les chroniques de l’air du temps avec beaucoup de plaisir, et je me sens assez concernée par le dernier numéro vu son thème et notre récent départ à Istanbul ! Bravo pour cette chronique au ton qui me rappelle celui de Philippe Meyer sur France Inter (quand mon père me conduisait au lycée, j’y avais droit tous les matins, et c’est pour moi toute une atmosphère, une voix du matin) (11)

Alors ça y est, à la lecture de ce courrier qui comme d’habitude me parle beaucoup, je me suis dit : « 2005 je m’investis dans les mails, je réponds aux courriers électroniques de ceux que j’aime (seulement ! Faut pas exagérer non plus !) (11)

Oh oui, qu’il est bon de s’indigner surtout quand on n’a pas le moral. Ca fait du bien. (12)

Ca y est, je pars à la rentrée. Je suis muté à Wallis et Futuna. Je vais tenter de rédiger aussi une chronique pour tous ceux qui m’accompagneront sur ma recherche personnelle et ma remise en question. Je te compte parmi ceux là. (16)

Vraiment excellent et convaincant ! Ça fait du bien. Continue sur ce registre, nous n’attendons tous que cela. La chute m’a beaucoup amusé bien sûr. Ton écriture reflète bien la nouvelle liberté que t’apportent "certaines" lectures et introspections. Le style est plus fluide, plus tonique, du vrai plaisir. Je la relirai. Je ne veux que des chroniques sur le bonheur de vivre et les joies de l’existence, la solidarité avec soi. Pas de Cac 40, de critiques acerbes sur les comportements à la con, le monde qui va dans le mur. Pas d’illusion non plus. Mais une autre façon de goûter la terre et les hommes. (18)

Je viens de lire ta chronique et elle m’a fait du bien. Vois-tu, je rentre justement de vacances et le temps de l’insouciance me manque déjà.... Alors, savoir qu’à l’autre bout de la France, quelqu’un de bien "attentionné" (le lapsus est volontaire) me conseille de prendre du temps pour moi me fait tout chaud au coeur. Je repense aux vaguelettes qui me mordaient les chevilles et aux paysages dont je me suis repue, tout va mieux déjà. Les vacances ? C¹est toute la vie qu¹elles durent, il suffit de le décider. (18)
Merci de me compter parmi les lecteurs de ta chronique, je viens juste de la lire avec beaucoup de plaisir (beaucoup plus enrichissant que le bulletin de santé de Chirac). En fait, je vis souvent ce genre de réflexions à partir de moments simples de la vie, je suis très perméable aux gentillesses comme aux agressions de la rue. Et puis cette fameuse rupture entre les vacances et la rentrée.. je me disais justement il y a peu que je n’en souffrais pas cette année et que j’appréciais particulièrement en ce moment le fait d’avoir changé de vie grâce à des petits bonheurs simples : aller à la plage après l’école, en pique-nique le dimanche, se baigner longuement... Bref reprendre tout doucement sans perdre la mer. Avant, la douleur de la rentrée résidait précisément dans cette insatisfaction géographique. (18)

Merci pour partager ce récit. Peut-être un jour aurais-je le courage l’énergie d’en faire autant. Cela me touche beaucoup. Evidemment que remonte en moi aussi des souvenirs d’enfance de récits, moi qui crois toujours que je n’ai pas de souvenirs de cette époque de ma vie. (19)


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