Travailler moins pour vivre autrement

vendredi 10 juillet 2009
par  Christian LEJOSNE
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Pendant la campagne, celui qui est devenu président promettait « travailler plus pour gagner plus ». Les gogos qui y ont crû en sont aujourd’hui pour leurs frais. Ils peuvent se rassurer en pensant qu’une partie au moins de la promesse a été tenue : travailler plus. D’autant que le président a fait évoluer son discours, il parle maintenant de travailler plus … longtemps. Preuve que cet homme a de la suite dans les idées. Tant qu’à parler slogan, je conserve le mien : travailler moins pour vivre autrement.

Travailler moins : une idée à contre-courant qui a le mérite de requestionner ses priorités. De quoi ai-je besoin, puis-je répartir autrement mes dépenses ? Répartir autrement mon temps ? Qu’est ce qui m’importe le plus dans ma vie d’aujourd’hui ? Il y a un an j’ai demandé (et obtenu) de travailler à temps partiel. Ca n’est pas un grand changement, je travaille à quatre vingt pour cent, mais suffisamment pour que ma vie ait changé. Quand cette décision fut mise en débat au sein du Conseil d’administration de la structure où je travaille et que j’ai expliqué en quelques mots les raisons de mon choix, il y eut une vague d’excitation qui anima tout à coup ces personnages publics habituellement peu expansifs. Un événement apparemment anodin les sortait de leur torpeur, les réveillait tout à coup. Comme s’ils percevaient que la vie était ailleurs … « Et vous allez faire quoi de ce temps ? Et pour écrire quoi ? » Cela fait neuf mois maintenant que je travaille à temps partiel. Neuf mois que mes week-ends sont plus longs. Qu’ai-je fait de ce temps libéré ? Je me suis promené et j’ai écrit. Des chroniques. Mais j’en écrivais déjà pourrait-on m’objecter. Oui, mais je ne les écris plus comme avant. J’ai transformé la chambre d’ami de mon appartement en bureau. Après tout, mon meilleur ami c’est moi et je mérite bien un espace qui me soit propre. J’ai écrit une nouvelle (1) dont je suis assez fier. J’ai auto-édité un livre – Etonnant trilobite (2) – qui m’a subitement fait changer de statut : je suis devenu « Ã©crivant » aux yeux d’un tas de personnes qui ignoraient totalement ma passion pour l’écriture. Surtout, j’ai engagé un lent et long travail de recherche et d’écriture sur la vie de mon grand père. Un travail titanesque, pas du tout en rapport avec le temps libre dont je dispose. Un vrai travail d’écriture dans la durée. Un marathon littéraire. Voilà pour le bilan de ces neufs derniers mois de « travailler moins », preuve s’il en est de la relativité de toutes choses.

Vivre autrement : nom d’une association de quartier, créée au début des années 70 à Arras avec mon frère Patrick et quelques amis. Je me souviens très bien de la séance de travail collectif qui accoucha de ce nom. Ca se passait dans la chambre de mes parents où l’on s’était réfugié, à cinq ou six, pour cogiter. Un ami, jeune diplômé de l’IUT d’animation nous avait fait faire un brainstorming (tempête dans le cerveau en anglais – une séance de créativité collective pour parler simple) afin de trouver le nom de l’association que l’on souhaitait mettre en place. « Vivre autrement » était sorti de nos cogitations et c’est ce nom que porta l’association pendant les trois ou quatre années qu’elle dura. Quelques mois plus tard, le mot « autrement » devint célèbre et médiatique grâce à une maison d’édition qui s’est largement développée depuis. Quant à l’association « Vivre autrement », elle est dissoute depuis bien longtemps. Cependant, sous certains aspects, elle perdure. Mon frère, qui s’intéressait à la vie publique, est devenu maire du village qu’il habite. Quelques années plus tard, je m’engageais dans une formation à l’animation socioculturelle. A l’usage, je me dis que ça n’était pas ma vocation. C’est souvent a posteriori que ces choses-là se mesurent. Ma vocation, je pense maintenant que c’est l’écriture, mais à ce moment-là, je ne le savais pas encore…

Il est six heures trente du matin. Le soleil tout juste sorti de terre vient d’éclairer le bureau où j’écris. Il a pris la couleur orange vif du feu. Le jour se lève.

(1) La promo du moi($) publié dans l’Air de rien en janvier 2009
(2) Etonnant trilobite est toujours disponible sur le site TheBookEdition :
Un petit livre à déguster pendant vos vacances d’été …

Christian LEJOSNE


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