lexique pour une citoyenneté active

méthodologie en éducation populaire
mardi 6 mars 2007
par  Paul MASSON
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présentation de concepts utiles pour la compréhension de la rubrique citoyenneté active et de préciser le sens des termes utilisés dans le projet politique. adopté par Culture et Liberté en 2008 et l’ analyse introductive qui l’accompagne pour éviter des contre - sens de lecture

Acteurs de Culture et Liberté

Les acteurs de Culture et Liberté, ce sont les personnes qui agissent dans le mouvement. A sa création, Culture et Liberté « association pour le développement culturel du monde du travail », est animé par des acteurs venus du monde du travail et s’adresse à d’autres acteurs du monde du travail. Le public animateur du mouvement et le public bénéficiaire de l’action, est le même.

Progressivement, cette situation va changer. En 1995, le mouvement repense ce concept avec le triangle des acteurs
les acteurs sont l’ensemble de ceux qui ne sont pas satisfaits de la société qui engendre des exclus et entendent agir dans l’association pour transformer cet état de chose. Culture et Liberté identifie ces acteurs en trois catégories selon leur porte d’entrée dans l’association :
- les « usagers » : porteurs de créativité et d’un avenir possible. Victime, souvent exclus, ils ont un intérêt objectif à la transformation sociale.
- les « travailleurs » ou « salariés » de Culture et Liberté, en capacité de mener un processus de changement.
- les « citoyens » ou « militants » qui se saisissent de l’instrument de transformation sociale que constitue l’association pour construire du développement solidaire.
Ces trois catégories ne sont pas étanches. Un salarié ou un militant devient usager lorsqu’il participe à une formation donnée par l’association, un usager ou un travailleur devient citoyen lorsqu’il participe avec d’autres militants à la réflexion sur les objectifs de l’association.

Ce concept suppose que les trois types d’acteurs soient associés pour l’élaboration du projet de Culture et Liberté. L’exclusion d’un des trois conduit l’association à l’une des trois dérives suivantes :
- l’instrumentalisation s’il reste seulement les « usagers » et les « salariés ». Ce sont les pouvoirs publics, financeurs du travail des salariés qui déterminent le projet.
- l’expérimentation marginale s’il reste seulement les « usagers » et les « citoyens-militants ». Les actions les plus remarquables, même si elles sont profitables pour ceux qui les vivent, ne réussissent pas à avoir une influence significative sur le corps social.
- la « schizophrénie » entre le discours des militants qui rêvent un projet de société et la pratique des salariés instrumentalisés dans des dispositifs lorsque les usagers ne sont pas acteurs du projet.

Aliénation
dépossession de l’individu et perte de maîtrise de ses forces propres au profit de puissances supérieures, que celles-ci s’exercent à un niveau individuel (aliénation mentale) ou à un niveau social (aliénation sociale et économique, travail aliéné).
La triple figure du travail aliéné est qu’il est inventé par une personne, organisé par une autre, et que le produit de ce travail profite à une troisième.

Citoyenneté active (4)
La citoyenneté active est la mise en œuvre dans la vie de tous les jours de son rôle de citoyen. Elle passe essentiellement par le fait associatif, l’exercice des droits d’association, d’expression libre, de grève et de manifestation. Elle est complémentaire de la citoyenneté représentative, et passe par la « la démarche participative ». Une société démocratique se construit dans un rapport dialectique entre deux formes différentes et complémentaires de l’exercice démocratique : les élections libres et la citoyenneté active

Conscience
Perception, connaissance plus ou moins claire que chacun peut avoir du monde extérieur et de lui même.
Faculté qu’a l’homme de connaître sa propre réalité et de la juger.

Conscientisation
action qui permet, à une personne ou à un groupe, de prendre conscience des conditionnements sociaux et sociétaux qui aliènent sa liberté, pour lui permettre de s’en libérer, c’est à dire s’émanciper

Conscientiser
faire prendre conscience à quelqu’un de la réalité, de son environnement social, économique, politique.
Faire devenir conscient des choses connues mais qui sont cachées ou enfouies dans le tréfonds de son inconscience.

Culture
Ensemble lié de manières de penser, de sentir et d’agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer l’ensemble de ces personnes en une collectivité particulière et distincte.

Pour Culture et Liberté, la culture est la capacité des personnes à prendre en charge leur propre vie. C’est une capacité à agir individuellement et collectivement sur le monde qui entoure. La culture intègre le mode de représentation du monde, les méthodes d’organisation, de communication. On peut parler en ce sens de la culture d’un groupe donné, d’une classe sociale, etc… Elle est promotrice de liberté.

Roland COLIN, définit la culture comme « l’ensemble des comportements humains à travers lesquels les membres d’un groupe, unis par un projet commun, s’attachent à produire les réponses à leurs besoins de tous ordres. » (6)

Démarche
Manière d’aller vers son objectif de transformation sociale. Toute démarche s’appuie sur des valeurs, des principes philosophiques, une éthique. Sa mise en œuvre fait appel à des méthodes

Démarche participative
Une démarche est participative, si elle permet aux acteurs concernées de influer sur les choix. De ce fait, une démarche participative accompagne un processus, associant l’ensemble des acteurs concernés.
voir l’échelle de la participation de S. Arnstein

Développement culturel
Dans cette mosaïque associative que constitue la dynamique sociale, dans le mouvement social porteur du développement solidaire. Culture et Liberté situe son action prioritaire dans le domaine culturel dans le sens où il l’a défini dès 1974. (voir culture)

Développement solidaire
Le développement solidaire est le projet de transformation sociale proposé par Culture et Liberté : · développement, car il y a production de valeurs, de biens, d’échanges, de relations constructives. · Solidaire, car le développement de chacun (individu et/ou collectif) a lieu sans exploitation d’autres individus et/ou collectif.

Ce concept de développement solidaire prend en compte à la fois les dimensions économiques, sociales, culturelles. On peut parler d’un mouvement de développement solidaire pour désigner l’ensemble des nombreuses forces sociales qui, sur un terrain ou un autre, contribuent à la promotion solidaire d’individus et de groupes. Ce mouvement va bien au-delà de Culture et Liberté et de son champ d’action. Il intègre des acteurs qui luttent sur le terrain économique pour faire prendre en compte des besoins non marchands, assurer des revenus à des personnes exclues, sur le terrain international pour établir des échanges économiques plus justes au niveau de la planète, sur le terrain écologique pour éviter de laisser aux générations futures le soin de payer l’ardoise d’un développement non maîtrisé, etc…

Dynamique sociale (4)
La dynamique sociale est plus large que le mouvement social. Elle est composée de l’ensemble des forces qui constituent la société. Les forces de chaque individu à la fois électeur, consommateur, producteur, … et membres d’associations.

Émancipateur, émancipatrice
Qui libère des conditionnements

émancipation :
démarche qui libère des conditionnements, et permet de choisir dans ses conditionnements.

Émancipé
en capacité de choisir dans ses conditionnements.

Enjeu
Formulation d’une problématique à laquelle veut répondre l’action ou la conduite de l’action.
Ce qui est « en jeu ».

Fait associatif
Le "fait associatif" est constitué de tous les regroupements formels et informels d’individus qui font la société. Au-delà des associations déclarées, il regroupe des associations informelles et ces multitudes de lieu où des gens se rencontrent régulièrement, échangent et élaborent ; que ce soit des groupes de mères de familles qui parlent, chaque matin, en conduisant leurs enfants à l’école, des groupes de voisins qui s’organisent pour avoir un éclairage public ou des jeunes qui se retrouvent et échangent aux pieds des immeubles faute de mieux.

Idéologie :
Système d’idées qui permet une représentation de la société.
Ainsi, l’idée, très contemporaine qui préconise le rejet des idéologies pour penser et agir sur le monde d’une manière « pragmatique », est une idéologie.

Liberté
Pour Culture et Liberté, la liberté est la capacité de choisir et d’agir, en connaissance de cause, ce qui est bon pour soi en harmonie avec l’environnement. L’exercice de la liberté contribue au développement culturel.

Méthode
La méthode est la manière dont une action se déroule, ainsi que les choix qui ont permis la mise en œuvre et la conduite de cette action de cette manière. Les méthodes s’identifient par la question : comment s’est déroulée l’activité ? Les principaux éléments constitutifs de la méthode sont :

les différentes étapes
- l’articulation de ces différentes étapes
- les moments et les lieux de chacun de ces étapes
- les techniques, les outils, utilisés dans ces différentes étapes
La Méthode est adaptée si elle sert la démarche choisie.

Mouvement d’éducation populaire
organisation collective favorisant la prise de conscience des conditionnements sociaux qui nous construisent, et des actions permettant de s’émanciper des conditionnements aliénants.

Mouvement social
Le mouvement social est le fruit des forces organisées de la société porteuses d’un projet de société.

Moyen
Les moyens d’une activité, c’est ce que l’activité consomme ou use. Pour identifier les moyens d’une activité, on pose la question : avec quoi l’activité est elle réalisée ? Les moyens sont le matériel ( matières consommées, l’outillage, le transport, l’infrastructure), les personnes ( temps passé, qualification, effort, pénibilité), les coûts (dépenses et autres coûts), institutionnels

Outils
Techniques utilisés par la méthode.
Politique économique
instrument économique permettant d’œuvrer pour un objectif économique et/ou social déterminé (relance par la consommation ou l’investissement, fixation du taux directeur, déficit budgétaire, déflation, politique de redistribution, politique fiscale, etc..). Dans l’Union européenne le traité de Maastricht a considérablement limité l’éventail des politiques économiques utilisables par un Etat de l’Union.

Politique publique
Une politique publique est l’expression d’ « intentions publiques » par la formulation de résultats attendus (buts et cibles à atteindre) à concrétiser vis-à-vis d’une population. Dans le cas de la Politique de la Ville, il s’agit de la volonté publique de faire et de transformer la réalité locale telle qu’elle a été appréhendée par un outil qui est le contrat de ville.

objectifs de transformation sociales
Formes particulières d’objectifs généraux concernant les retombés d’une action, repérables sur une population plus large que celle directement concernée par l’action. Par exemple : effet de cohésion sociale sur un quartier.

Réseau
ensemble d’acteurs indépendants les uns des autres, liés par des valeurs communes, et organisés dans des échanges mutuels pour contribuer à faire avancer un projet de société conforme à leurs valeurs.

Société
Système de rapports entre les personnes et les groupes qui la composent. Est social tout ce qui a trait à la société

Système
« Un système est un ensemble d’éléments en inter-relation dynamique, organisés en fonction d’un but » (Joël de Rosnay). « Un système est une unité globale organisée d’inter-relations entre éléments, actions, individus » (Edgar Morin).

Transformation sociale
Le projet de transformation sociale proposée par Culture et Liberté en 1997 est le développement solidaire. Il s’élabore dans un échange dialectique entre les trois types d’acteurs qui analysent en commun une pratique commune.

Le processus de transformation sociale proposé par Culture et Liberté s’accompagne de création culturelle par laquelle les individus et les groupes élargissent leur ouverture au monde. Sans ce développement culturel, les créations économiques nouvelles risquent de se limiter à la promotion de quelques individus sans remise en cause du système d’exclusion.

Sans élargissement du champ de liberté des exclus, le développement solidaire restera lettre morte.

Ultra capitalisme
Après débat, le terme capitalisme a été qualifié, d’ultra dans le « projet politique » et de dur dans « l’analyse introductive » pour permettre un consensus entre ceux qui attribuent les « répercussions économiques, écologiques, sociales et culturelles fondamentalement néfastes pour l’humanité » les « richesses indécentes et misères insupportables. » à l’organisation capitaliste, et ceux qui remettent en cause seulement sa forme actuelle (déréglementations sociales et marchandisation des biens et des personnes).

Voir également
- petit lexique (socio)-économique simplifié
- lexique pédagogique et sociologique simple