ce qui se trame... dans l’absence

mardi 11 juillet 2017
par  Marie
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Allongée, tête sur l’accoudoir du canapé, télé allumée, bruit de fond. J’entends vaguement la météo. " L’été s’est installé" dit-il. Comme pour rassurer. Il ne partira pas. Pas maintenant. Pas déjà.
Juillet.
Un an.
Je regarde le plafond. Et je me demande ce qui se trame dans l’absence.
Ton absence.
L’absence, elle se fout de la politesse, elle se fout de qui nous sommes, de ce à quoi nous nous occupons pour oublier qu’elle est insupportable. Elle est là qui s’immisce, n’importe où, n’importe quand. Sans prévenir. Elle nous étreint dans les gestes les plus anodins, dans un mot prononcé, dans un parfum, dans un objet, dans une note de piano. Elle nous fracasse aux portes de la conscience. Elle dévaste en une seconde la beauté des grands espaces. Elle nous pique et nous cueille au réveil pour effacer les possibles réinventés et nous rappeler qu’elle est bien réelle. Elle joue à se prétendre sur le départ alors même qu’elle s’installe plus profondément. Elle a ce pouvoir d’anéantir en un instant les innombrables efforts à la comprendre et à l’apprivoiser. Elle va remuer la peine au plus profond des entrailles pour la faire remonter jusqu’à la gorge. Elle surgit et presse le corps dans les plus grands moments de joie ou elle se dilue tranquillement au goutte à goutte. 
Apprendre et apprendre encore à lui faire face.
S’effrayer de la voir réussir cet impensable pari : être tout à la fois familière et inconnue, changer inlassablement de forme et de visage jusqu’à nous perdre. Vous pouvez l’insulter et l’affubler de tous les qualificatifs existants : injuste, ignoble, terrible, implacable, inacceptable.... elle s’en fout, ça ne la concerne pas. L’absence, elle est, un point c’est tout.
Elle habite en secret la foule des vivants et les lieux.
L’absence, c’est l’ombre des êtres esseulés dans une douleur qui ne concerne qu’eux.
Elle est comme une absurdité.
Elle est l’absurdité.
L’absence, c’est tout ce qu’on ne comprend pas.

Ab-sens. Le sens éloigné. 

Alors, l’absence, puisqu’elle s’invite effrontément, je l’écoute, je lui fais une place au chevet de mon esprit. Je la sens qui me pousse à tisser de ses fils la trame d’un autre rapport à moi, à ceux que j’aime, à la vie.

Parfois, l’absence, c’est moi qui l’étonne.
Dans le miroir, sur mon visage, je lui montre d’une caresse ces quelques traits qui te ressemblent. Ce que tu m’as laissé de toi, toujours vivant.

Parfois, l’absence, c’est moi qui la tourmente.
Dans ce miroir, elle voit l’enfant bercé de toi, l’amour qui a façonné mon être. Et l’amour, lui, je peux l’habiller de souvenirs, de tableaux, de ta voix, de mots, de rires, de douceur : ça le concerne. L’amour, c’est ta présence en moi inaltérable. Ton amour, c’est l’existence indéfectible.

Un an,
Le plafond,
Moi,
" Et ce con à la météo qui compte pas les larmes qui pleuvent sur mon buvard." [1]
Marie


[1Allain LEPREST Chanter des fois… Album VOCE A MANO- 1992


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