la cinquantaine

mardi 5 août 2014
par  Paul MASSON
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Le jour de mes cinquante ans, je reçois une carte de ma sœur. Elle a recopié le texte de la chanson de Reggiani, La cinquantaine

"On arrive à la cinquantaine, moitié sage, moitié fou
Le cul assis entre deux chaises à tenter d’en joindre les bouts
Sur la route de la chimère, on se retrouve souvent un jour
Pour faire le compte de ses guerres, des petites joies, des grands amours."

Elle ajoute : « Je trouve que c’est tout à fait toi en ce moment.... »

Depuis quelques années, il est bien fini le temps où, dès les derniers jours des congés, mon esprit prépare la reprise. Le temps où, dans ma tête, les projets se bousculent, où déjà, pèle-mêle, sont jetés sur des bouts de papiers, quelques mots, quelques phrases pour retenir une pensée, fixer une idée, planifier un projet. Le temps où, après quelques jours de repos, le besoin d’activité s’impose et où, déjà, mon esprit libre court vers un nouveau défi.

Oui, il est bien fini, ce temps-là. La reprise me pèse. Les conditions de travail sont de plus en plus éprouvantes, les tensions augmentent. Réussir à effectuer l’ensemble des tâches qui m’incombent devient pour moi une épreuve. L’abattement devant le travail à accomplir remplace le désir d’entreprendre. J’arrive à la cinquantaine.
Il me reste dix ans avant la retraite, je ne pourrai pas tenir à ce rythme. Mon corps se fatigue plus vite, mon esprit est plus lent, ma capacité d’attention moins forte. Je m’enthousiasme toujours pour de nouvelles causes, j’ai toujours envie de découvrir d’autres horizons, mais mon esprit perçoit les difficultés des nouveaux défis avant d’en ressentir les exaltations. L’ombre de la vieillesse s’approche de mon territoire familier. J’ai vu, dans des batailles anciennes, de jeunes loups regarder, assoiffés, un plus ancien qui lutte. Ils cherchent à l’épuiser, prêts à le dévorer pour prendre sa place. J’ai peur des ans qui viennent. La fébrilité de l’activité professionnelle et militante qui occupe la majorité de mon temps ne pourra plus durer longtemps, j’aspire à de nouveaux désirs, de nouveaux espaces alimentent mes rêves. Plus intérieurs. Un besoin d’approfondissement, d’intimité, de poésie, de retour à la nature remplace peu à peu le besoin d’activité.

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