Les cabanes

lundi 5 septembre 2011
par  Paul MASSON
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Du côté de mes petits-enfants, c’est la folle saison des cabanes. Au delà des maisons « en dur » où, depuis leur premier cri la vie les nourrit de confort et de sécurité, ils ont besoin de s’inventer, de se rebâtir inlassablement des palais de vieux draps et de courants d’air, de s’improviser des alcôves de troncs d’arbre et de mousse, de se gaver de festins de graviers à l’eau de pluie. Quel bonheur quand ils m’invitent dans leurs manoirs !
Juste le temps de me délester de mes lunettes cartésiennes, de déposer mon vieux fardeau de prosaïsme, et je franchis, légère, la porte invisible du logis.
Si vous n’avez jamais séjourné dans une citadelle de couettes et de barreaux de lit avec deux petits lutins de 5 et 2 ans, il manque vraiment quelque chose à tous vos vagabondages ! L’aventure commence à l’édification des murs, qui ne veulent bien sûr rien savoir des lois de l’équilibre, et vous glissent des mains au moindre éternuement .
Quand le gîte semble enfin stabilisé pour quelques minutes, c’est chaque fois pour moi un délice de me faufiler dans la chambre précaire, serrée contre mes deux petits hôtes qui n’ont jamais autant chéri les bras de Morphée, que lors de ces nuits fugitives.
Bien sûr, mes jambes dépassent un peu sur le terrain vague alentour, exposées à tous les dangers de l’ombre. Mais que puis-je craindre sous la horde magique de tous les doudous qui me recouvrent ?
Les yeux fermés, je m’imprègne alors de ces instants uniques tissés d’éphémère et de touches d’éternité.
Mais à peine ma douce pensée a-t-elle le temps d’émerger qu’un branle bas de combat la brise net.
Eh oui, le jour est arrivé ! Et avec lui l’heure du petit déjeuner que mes deux jeunes princes s’activent déjà à me rendre délectable !
Il est temps de nous gaver ensemble de croissants virtuels et de fabuleux chocolats de chimère... et qu’importe si, dans cette effervescence, la maison s’effondre soudain sur le repas.... Les deux complices sont déjà passés à d’autres aventures, et me laissent là, pantoise, aux portes de la brutale réalité...d’une imprévisible bagarre !

Les plus grands, autorisés à s’envoler seuls, un peu plus loin, vers leur propre existence, se paient le luxe de trois ou quatre résidences à la campagne, en plein cœur des arbres. L’aménagement de ces demeures de feuillages et de vent est pour finir assez complexe, et exige presqu’un temps plein de loisirs. Même si la généreuse nature offre déjà dans ses branchages des fauteuils royaux, il faut tout de même prévoir les commodités ordinaires : les toilettes sont prévues dans la trouée discrète d’un tronc. Un vieux pneu, dégoté sous les ronces en assure le confort. Un immense sac en plastique, paradis des cloportes, se recycle à la fois pour la poubelle, la huche à pain, le cabas à provisions, et le rangement des habits. Des morceaux de palettes, héroïquement repêchés dans le flot des orties font tout à fait l’affaire pour la table, les sièges et la plaque de cuisson. Mais le luxe suprême de cette cuisine princière, c’est le congélateur coincé dans un tronc mort, où quelques esquimaux de « pistache-herbe-fraîche » attendent l’heure de la restauration des bâtisseurs. Les chambres sont à l’étage, toutes à ciel ouvert. Pour les atteindre, velours glissants et rampes capricieuses réservent bien des surprises ! Mais le paysage qu’on découvre là-haut et qu’on peut savourer à loisir, dans le silence et l’air frais des cimes en vaut vraiment le risque.
Si vous n’avez jamais séjourné dans une maison d’arbres enchevêtrés de soleil et de brise avec deux saltimbanques de sept et onze ans, il manque vraiment quelque chose à tous vos vagabondages !


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