Rue des quatre maisons.... Rue des quatre saisons ....

jeudi 1er avril 2010
par  Nicole DUPUIS
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En octobre dernier, ma mère a décidé de rentrer dans sa dernière maison : le foyer « Saint-Nicolas ».

Il lui a fallu bien sûr apprivoiser cette nouvelle vie. Je l’ai accompagnée comme j’ai pu, dans cette étape de sa vieillesse. C’était important pour elle de s’approprier un peu le proche environnement de sa maison de retraite, car elle avait bien l’intention de continuer à marcher un peu tous les jours, comme elle l’a toujours fait.

Nous voilà donc parties elle et moi, cahin-caha, pour une première randonnée de découverte, par une brumeuse après-midi d’automne.... Au fil de nos pas lents, je sens que monte en moi un chaos d’émotions, mêlé de douces réminiscences et de vague mélancolie... Je m’aperçois que la rue que nous avons empruntée spontanément en sortant du foyer, c’est la « rue des quatre maisons ».... La rue où nous allions, Jean-Paul et moi, promener Sébastien, notre premier enfant nouveau-né, la rue de ses premières approches du monde, de nos premiers émerveillements de parents.

Et m’y revoilà maintenant, grand-mère, et fille protectrice d’une mère ralentie par le poids des années.... Et cette rue, toujours la même, qui nous regarde passer, indifférente comme le fleuve des jours qui nous a toutes les 2 poussées jusque là ….

C’est de ce grand vertige, face à la folie du temps qui étourdit nos vies fragiles, qu’est né le poème suivant :

Ah ! la rue des quatre maisons,
Ou bat mon premier pas de mère,
Depuis tant d’aubes, de moissons....
Ah ! l’éclat de nos regards fiers,
Au front de ce petit garçon,
Qui nous distillait son mystère,
Et embrasait notre horizon,
Au fil des heures ordinaires..
C’est une immortelle chanson,
C’est comme si c’était hier.

Ah !, la rue des quatre maisons
ou vogue le pas de ma mère,
Enchevêtré à mon talon,
Depuis l’envol de cet hiver.
Ah ! nos paroles de chiffon,
Sur nos dérives éphémères,
Clins d’œils, silences et frissons
Rêves frôlés ou solitaires...
C’est la finissante saison,
Aux tons, parfois, de primevère.

Ah ! la rue des quatre maisons
Ou ma vie chavire et se perd,
Entre les anciens liserons
Ou je reconnais ma lumière,
Et d’ombreux chemins en buissons,
Ou me mène en tremblant ma mère...
C’est comme une aube qui se fond,
dans les abîmes de la terre,
Un fol azur dans le giron
Du jour qui ferme les paupières
C’est le fascinant tourbillon
du temps qui mêle nos déserts,
Nos jachères et nos vallons,
Et met le voyage à l’envers...

Ah ! la rue des quatre maisons.

Nicole


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