Il en a le journaliste !!

mardi 11 novembre 2008
par  Paul MASSON
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Trois fois, j’ai reçu par mail l’article joint. Les trois fois, le mail avait pour titre : « Il en a des couilles [ou Il en a] le journaliste !! ». La troisième fois, la personne qui me l’a fait parvenir m’a demandé de lui envoyer une réplique Voici à peu-près ce que j’ai répondu.

On est dans le discours raciste envers les africains, les arabes, les musulmans ; un discours qui se développe et qui m’afflige. Il est alimenté par les plus hautes autorités. Bush en déclenchant la guerre en Irak, a parlé du combat du camp du Bien (l’occident chrétien) contre celui du Mal (le monde arabo-musulman). Sarkosy, en Afrique, a expliqué aux africains que l’Afrique est responsable de ses malheurs
....
Ce discours raciste s’intensifie en période de crise. Avec le premier choc pétrolier, elle a fait le lit de Le Pen. Après la crise de 1929, il a alimenté l’idéologie nazie, préparé l’arrivée d’Hitler, nourri la « collaboration » en France. Quand la situation devient difficile pour le peuple, si on lui indique un bouc émissaire contre qui lutter, la situation lui devient plus acceptable. Ce phénomène psychologique irrationnel a été étudié par le Professeur LABORIE, illustré dans le film « Mon oncle d’Amérique ». Les classes dirigeantes, devant une situation sociale risquée pour elles, utilisent ce phénomène du « bouc émissaire ». Elles l’ont fait en 1914 pour envoyer les poilus "la fleur au fusil" contre les « boches ». Elles l’ont refait en 1940

Je ne sais si c’est une réplique, voici ma réflexion..
Je pense qu’un argumentaire rationnel n’aura pas de portée. La personne perçoit ses préjugés racistes comme des faits exacts. Elle pense avoir raison parce qu’elle a besoin de cette croyance raciste pour sa sécurité psychologique. Celle qui t’a envoyé ce texte n’a probablement jamais vécu dans les cités où les "boites sont cassées, où ça pue, où ... ; elle n’a probablement jamais été non plus à "chinatown", où les ascenseurs marchent très bien et les boites aux lettres sont impeccables, pas plus que dans certaines cités ou vivent, dans la misère, des populations françaises de souche. Elle véhicule ce discours parce qu’il lui convient, sans aucun contrôle de la réalité des faits. Une réplique, au sens d’un contre argumentaire rationnel, ne serait probablement d’aucune utilité.

Ce que tu peux dire à cette personne, c’est que ce propos est raciste à l’égard des africains, puisqu’il attribue à une race une attitude. Tu peux lui dire que tu ne partages pas ce préjugé.
Peut être que tu peux lui demander quand, où et avec qui elle s’est rendue dans les cités arabes et noires, à "chinatown" ?
Peut être que tu peux lui faire remarquer que le journaliste n’a fait aucun reportage. Il généralise un fait, qu’il présente comme étant la réalité, voire la vérité. Il écrit les discours qui circulent sur les banlieues, les arabes, les noirs, les chinois.
Tu peux ensuite lui demander, en quoi, un journaliste qui tient un discours convenu "en a" ? Il ne risque ni sa vie, ni sa place,.… Assis à son bureau, il a laissé sortir ses pulsions racistes. Qu’est ce qu’il a le journaliste ? des pulsions racistes ? il n’est pas le seul, on en a tous, il est très ordinaire cet homme. Un journaliste qui reprend un discours qui est dans l’air et s’appuie sur les pulsions de ses lecteurs, est même un peu démagogue ; et un journaliste qui ne permet pas au lecteur de prendre du recul sur ses propres pulsions, est plus un fanatique qu’un journaliste.

Si tu es suffisamment intime avec la personne qui t’a envoyé ce papier, et que vous avez pu un peu dialoguer, demande lui plutôt ce qu’elle a ressenti en le lisant, écoute là, sans rien dire, parler de ses sentiments.
Ensuite, peut-être….

Voir l’article Le mot est faible : Race


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