Le concert du partage

dimanche 10 février 2008
par  Nicole DUPUIS
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Je me souviens de cet îlot miraculeux du temps, suspendu entre misère et féerie, ou nous avons débarqué tous ensemble, du lointain de nos mille planètes, drapés dans la même clarté de ce soir de Décembre.

Je me souviens de la foule hétéroclite du « nouveau siècle », cette touchante palette d’humanité, tout en regards fébriles et vêtements de fête, en bribes de délire et bouffées de tendresse, tout en éclats de joie et murmurants émois.

Je me souviens de clins d’œil furtifs sur des visages las, de bras serrés pour ne pas se perdre, de béquilles nouées dans le flou de l’attente, de pas solitaires dans des souliers trop neufs….

Je revois tous ces bousculés de la vie, amarrés ensemble au rivage d’une possible oasis de bonheur, tous ces princes des faubourgs, enveloppés soudain d’insolites atours.

Nous, nous venions d’une autre rive. Nous étions les « accompagnateurs ».
Mais quand le ruisseau sacré de la musique a commencé à sourdre de son antre magique, quand il nous a emportés d’un seul flot dans ses navires de lumière, personne n’accompagnait plus personne.

Discoureurs ou sans paroles, bien-pensants ou sans papiers, nous n’étions plus que d’humbles pèlerins, voguant l’un contre l’autre dans le silence des étoiles, assoiffés ensemble du frissonnement des violons, du ruissellement des cymbales.

Je me souviens de ces touches d’extases, écloses comme une aurore inattendue, dans nos yeux, trop longtemps délavés aux bruines du quotidien .

Je me souviens de ces ondées d’amour, sur nos fronts immobiles, suspendus au prodige qui passe, et du capharnaüm de nos émotions, chuchotées, criées, jaillies au même instant d’un paradis oublié.

Fils de poètes ou filles de rien, quand le battement des bravos a sonné pour nous tous la fin du voyage, nous n’étions plus que des complices compagnons de route, encore hébétés, sur le bord du chemin, sans autre bagage que cette griserie d’au delà des mots, qui nous tenait secrètement liés, ce fil d’or entre nos cœurs, ce surplus d’humanité aux saveurs presque divines.

Je me souviens qu’en regagnant le lointain de nos mille planètes, nos ombres un peu ivres se confondaient dans le miroitement d’astres nouveaux, sous un grand vent, venu d’ailleurs.

Une fois par an, l’Orchestre National de Lille, dirigé par Jean Claude CASADESUS, offre un concert gratuit à toutes les personnes qui n’ont pas les moyens financiers d’avoir accès à ce type d’activité culturelle.
Nicole


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