Une feuille dans son arbre s’ennuyait à mourir au milieu de ses sœurs qu’elle trouvait toutes semblables à ce qu’avait voulu la maîtresse nature :
« Moi – lançait-elle à ses cousines voisines- je ne suis pas faite pour vivre au crochets de cet arbre moche et vieux ! Regardez ma finesse, admirez ma légèreté ! Je le clame bien haut, au prochain vent, en vérité de par le monde je volerai et reviendrai vous raconter ».
La parole fut tenue, et, sur le dos du vent, la voilà partie en riant.
« Plus haut ! Plus vite ! Plus fort ! » Criait-elle au vent ; et elle sautait les montagnes et frôlait l’océan. Mais bientôt, le vent, fatigué d’une aussi folle course, se posa sur le sable immense.
« Encore, encore ! » Ordonnait la feuille. Mais zéphyr n’en pouvait ; il s’éloigna, le souffle coupé.
L’orgueilleuse, soudain comprenant son erreur, implora (sans y croire) le divin créateur. Nulle réponse ne lui parvint, vous vous en doutez bien.
Il en va des feuilles comme des hommes qui se croient supérieurs à leurs frères en cherchant un meilleur au milieu du désert.

Yvan